Fiche Pédagogique : Composantes Clés des Interventions pour l’Acceptation Alimentaire
- DOCTEUR Sébastien BOSCH
- 23 mai
- 3 min de lecture

Par D.S. BOSCH
Objectif
Favoriser l’acceptation de nouveaux aliments ou la diversification alimentaire chez les personnes présentant un trouble du développement (TSA, DI, etc.).
Cette fiche pédagogique est basée sur l’article :
Chawner, L. R., Blundell-Birtill, P., & Hetherington, M. M. (2019). Interventions for increasing acceptance of new foods among children and adults with developmental disorders: A systematic review. Journal of Autism and Developmental Disorders, 49(9), 3504–3525. https://doi.org/10.1007/s10803-019-04075-0
L’acceptation alimentaire constitue un enjeu central dans l’accompagnement des personnes présentant un trouble du développement, en particulier chez les enfants autistes ou porteurs d’une déficience intellectuelle. Une alimentation restreinte, centrée sur quelques aliments fortement préférés, peut entraîner des carences nutritionnelles et nuire au développement global.
Face à ce défi, diverses interventions ont été développées pour élargir le répertoire alimentaire des personnes concernées. La fiche qui suit présente les six composantes clés les plus fréquemment utilisées dans les études empiriques recensées par Chawner et al. (2019), en s’appuyant sur les principes de l’analyse appliquée du comportement. Chaque technique est décrite de manière synthétique, avec ses atouts, ses limites et ses modalités d’utilisation. Elle constitue un outil de repérage rapide à destination des professionnels et des familles cherchant à structurer une intervention éthique et efficace.
1. Renforcement différentiel de comportements alternatifs (DRA)
Principe : renforcer un comportement souhaité (ex. : accepter une bouchée) par un stimulus positif.
Exemples : félicitation, accès à un jouet, récompense alimentaire.
Points forts :
Encourage activement le comportement cible.
Facile à adapter à différents profils.
Limites :
Peu efficace seul chez les mangeurs très sélectifs.
Nécessite une identification précise des renforçateurs.
2. Renforcement non-contingent (NCR)
Principe : fournir un renforçateur indépendamment du comportement (ex. : toutes les 30 secondes).
Objectif : réduire la motivation d’évitement par satiation ou neutralisation du renforçateur de l’échappement.
Points forts :
Réduit les comportements de refus en diminuant leur fonction.
Utile pour apaiser le contexte.
Limites :
Doit être associé à d'autres stratégies pour un effet durable.
Peut être mal compris s’il n’est pas bien paramétré.
3. Extinction de l’échappement (EE)
Principe : l’enfant ne peut plus éviter la situation (ex. : rester à table, cuillère maintenue).
Exemples : guidance physique, insistance douce, retrait des renforçateurs après refus.
Points forts :
Très efficace dans les cas de refus persistants.
Limites :
Risque d’épisodes d’opposition ou de détresse.
Nécessite une supervision stricte et des critères éthiques clairs.
4. Non-retrait de la cuillère (NRS)
Principe : la cuillère reste en position tant que la bouchée n’est pas acceptée.
Points forts :
Application concrète et structurée de l’EE.
Limites :
Très aversif pour certains profils sensoriels.
Peut nuire à la relation éducative s’il est mal introduit.
5. Désensibilisation graduée
Principe : exposer progressivement aux aliments en modulant les paramètres (texture, portion, présence…).
Méthodes : portion fading, texture fading, présentation neutre répétée.
Points forts :
Bien toléré, respectueux du rythme de l’enfant.
Efficace pour diversifier l’alimentation à long terme.
Limites :
Moins rapide que les techniques plus intrusives.
Demande une planification fine et une constance.
6. Modélisation, prompts, guidance physique
Principe : guider activement l’enfant ou proposer un modèle (autre enfant ou adulte).
Techniques :
Modélisation sociale : montrer l’aliment mangé avec plaisir.
Prompts physiques : amener doucement la main ou la cuillère.
Points forts :
Peu intrusif, permet l’imitation naturelle.
Limites :
Rarement suffisant seul.
Plus efficace en complément (DRA, fading, etc.).
Recommandations générales
Toujours privilégier les stratégies les moins intrusives d’abord.
Évaluer finement les fonctions des comportements alimentaires (évitement sensoriel, contrôle, anxiété).
Associer les techniques entre elles (ex. : DRA + désensibilisation) pour plus d’efficacité.
Assurer un suivi longitudinal pour tester la durabilité des effets.
Respecter les seuils de tolérance émotionnelle de la personne.
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